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Connaissez-vous l’héliotrope ?

L’héliotrope est une variété de calcédoine cristallisée, de quartz et de fer. Appartenant à la famille des jaspes verts, elle s’en distingue par ses inclusions rouges d'hématite. Ces inclusions rouges sont supposées ressembler à des taches de sang, d'où le nom de « pierre de sang » également utilisé pour désigner l’héliotrope. Le nom d'héliotrope provient des mots grecs « helios » et « trepeinï » signifiant respectivement « soleil » et « tourner », décrivant ainsi la manière dont le minéral réfléchit la lumière.

          Héliotrope - Pixabay License 

Pline l'Ancien en donne une description de cette propriété : « Heliotropium nascitur in Aethiopia, Africa, Cypro, porraceo colore, sanguineis uenis distincta. Causa nominis, quoniam deiecta in uas aquae, fulgore solis accidente, repercussu sanguineo mutat eum, maxime Aethiopica. » Pline l’Ancien (Naturalis historia 37, 165). « L'héliotrope se trouve en Éthiopie, en Afrique, à Chypre ; il est de couleur poireau et veiné de rouge. Si on lui a donné ce nom, c’est parce que, mis dans un vase d'eau, si les rayons du soleil y tombent, il leur donne un reflet couleur de sang, surtout l'héliotrope éthiopique. »

Dans l’Antiquité, l’héliotrope était une pierre aux nombreuses propriétés. À cette période, on l’utilisait pour la réalisation d’intailles, de sceaux, de base lithique pour des inscriptions ésotériques, voir magiques, ou encore de sculptures votives. Pierre magique par excellence elle était initialement utilisée pour influencer le climat et pour invoquer les tempêtes, une fois placée dans de l’eau sous les rayons solaires.

Le texte lapidaire connu sous le nom Damigeron (traduction latine du Ve – Vie siècle, d’un original grec probablement largement antérieur) nous indique que l’héliotrope permet de faire de la pluie, de déclencher une éclipse de soleil, de lire l’avenir et de préserver la santé et de la jeunesse (Damigeron, De lapidibus (Abel), ch. II, p. 165, lines 1-19).

Les Babyloniens utilisaient des héliotropes gravés pour la divination. Ils se servaient de la disposition des points assortis de rouge pour stimuler leurs pouvoirs psychiques, produisant le même résultat qu’avec une vision, en suivant la trace déclinée par les points. Pour cette raison Saint Albert le Grand (Albrecht von Bollstädt, 1200 – 1280) aurait appelé l’héliotrope "pierre de Babylone".

Dans l’Égypte pharaonique, les guerriers se servaient d’amulettes en héliotrope afin de leur apporter une force surnaturelle. Elle était souvent présente sur les cuirasses d’armures et les épées car on lui prêtait le pouvoir d’éveiller le courage et la bravoure même dans les situations les plus dangereuses. Elle devait permettre à son porteur de rester imprenable dans la bataille, bien après que ceux autour de lui soient tombés au champ d’honneur. Cette croyance est sans doute à la base d’une autre de ses propriétés magique : l’invisibilité. Pline l'Ancien (toujours lui !) indiquait que les magiciens l'utilisaient comme une pierre d'invisibilité (« les mages prétendent qu’unie à l’herbe de même nom, et à l’aide de certaines formules, l’héliotrope rend invisible celui qui la porte » prec. cité). Beaucoup plus tard l’écrivain florentin Giovanni Boccaccio (1313 - 1375) fait perdurer cette croyance en mentionnant l’héliotrope comme pierre d’invisibilité dans l’un des récits : le Decameron. Dans la droite ligne de cette croyance, l’une des propriétés ésotériques actuelle de l’héliotrope est de rendre celui qui en porte « invisible » aux yeux de ses ennemis et surtout à leurs mauvaises intentions...

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